Pr Olivier LAIREZ
Pr Olivier LAIREZ
La cardiomyopathie amyloïde familiale liée à la transthyrétine est une amylose systémique héréditaire avec manifestations cardiaques prépondérantes.
Ils sont relativement communs à l’ensemble des amyloses cardiaques.
Dans cette forme d’amylose, les dépôts de fibrilles amyloïdes dans le muscle cardiaque se manifestent essentiellement par une hypertrophie des ventricules, c’est-à-dire une augmentation de l’épaisseur de la paroi des ventricules due aux dépôts de protéines.
Lire plusCette hypertrophie peut être très variable en fonction des individus et du stade où est diagnostiquée la maladie. Il arrive que l’atteinte d’un autre organe permette de faire le diagnostic d’une atteinte cardiaque à un stade très précoce de la maladie, avant même que les parois des ventricules n’aient eu le temps de s’hypertrophier.
Cette hypertrophie a pour conséquence l’apparition d’une rigidité importante entraînant une limitation de la capacité du cœur à se remplir. Plus tardivement le cœur a du mal à se contracter.
Ceci est à l’origine d’une baisse du débit cardiaque, occasionnant différents symptômes dits « d’insuffisance cardiaque » :
Les dépôts dans le circuit électrique perturbent le rythme du cœur, le rendant trop rapide ou trop lent, et peuvent même conduire à un arrêt cardiaque. Cette atteinte peut nécessiter la pose d’un stimulateur cardiaque (« pacemaker ») sous la peau qui permet de contrôler le rythme ou d’un défibrillateur. Les symptômes résultant de ces perturbations peuvent comprendre :
L’amylose à transthyrétine mutée donne préférentiellement des atteintes neurologiques ou cardiaque.
Lire plusLe type d’atteinte dépend essentiellement de la mutation et, bien que certaines mutations puissent donner des atteintes dites mixtes (nerfs et cœur), d’autres donnent une atteinte isolée neurologique ou cardiaque. Comme la plupart des amyloses, l’amylose à transthyrétine mutée peut atteindre de nombreux tissus et organes.
A ce titre, il n’est pas rare d’y voir associé :
Le début des symptômes, qu’ils soient cardiaques ou non cardiaques dépend du type de mutation et est très variable d’un individu à l’autre.
Le diagnostic d’une amylose nécessite de prouver qu’il existe un dépôt de fibrilles amyloïdes dans n’importe quel tissu ou organe par la réalisation de biopsies. Le diagnostic de l’atteinte cardiaque se fait ensuite en montrant qu’il existe une hypertrophie des ventricules par la réalisation d’une échocardiographie ou parfois d’une IRM cardiaque.
Lire plusLe diagnostic d’amylose cardiaque à transthyrétine nécessiterait théoriquement de prouver qu’il existe un dépôt de fibrilles amyloïdes de transthyrétine au niveau du cœur par la réalisation de biopsies.
Cependant, pour les amyloses à transthyrétine, les techniques d’imagerie permettent parfois de faire le diagnostic sans avoir recours à la biopsie, notamment par la scintigraphie osseuse. En effet, il a été constaté une fixation du traceur osseux sur le cœur à la scintigraphie myocardique
Scintigraphie osseuse dans le diagnostic d’amylose cardiaque : fixation du traceur osseux par le cœur (flèche rouge)
Dans ce cas, et s’il n’existe aucun doute sur la possibilité d’un autre type d’amylose, la biopsie n’est pas nécessaire. S’il existe un doute, il est alors nécessaire de réaliser des biopsies qui sont alors généralement réalisées sur d’autres tissus ou organes (comme par exemple les glandes salivaires) mais également parfois sur le cœur.
La réalisation d’une analyse génétique est ensuite le seul moyen de déterminer si l’amylose cardiaque est liée à une transthyrétine mutée ou dite « sauvage » (c’est-à-dire sans mutation).
Dans certains cas, la présence d’une mutation du gène de la transthyrétine dans la famille a motivé la réalisation d’un dépistage génétique qui nécessite de faire un bilan pour ne pas méconnaitre un début d’amylose, notamment cardiaque.
Dans d’autres cas, c’est la découverte d’une amylose cardiaque à transthyrétine qui amène à se poser la question d’une origine familiale et motive la réalisation d’une analyse génétique.
Pendant longtemps, la transplantation hépatique a été le seul traitement de la maladie en remplaçant le foie produisant la transthyrétine mutée par un foie produisant une transthyrétine dite « sauvage » sans capacité de formation des fibrilles amyloïdes. Cependant, les dernières années ont vu apparaitre de nouvelles thérapeutiques qui limitent le recours à la transplantation hépatique.
Le Tafamidis (Vyndaqel ® 61 mg) est un traitement dédié de l’amylose TTR qui vise à limiter la formation de fibrilles amyloïdes à transthyrétine en stabilisant la protéine. Ce traitement n’est pas spécifique à l’atteinte cardiaque mais à l’amylose à transthyrétine.
Lire plusD’autres traitements en cours de développement visent à stopper la fabrication de la protéine par le foie (ARN interférents et ARN inhibiteurs), voire à détruire les dépôts de fibrilles (anticorps monoclonaux).
En complément, sont prescrits les traitements communs au traitement des amyloses cardiaques comme par exemple le contrôle des apports en sel et le traitement diurétique (furosémide) qui permettent de diminuer l’essoufflement et les œdèmes. En cas d’arythmie un traitement anticoagulant est mis en place dont l’objectif est d’éviter la formation de caillots à l’intérieur du cœur.
Dans certains cas, des médicaments classiques de l’insuffisance cardiaque peuvent aggraver les symptômes et leur arrêt pourra être prescrit :il s’agit par exemple des bétabloquants (médicaments qui ralentissent la fréquence cardiaque) ou des vasodilatateurs (médicaments qui dilatent les vaisseaux).