C’est grâce à l’épidémiologie – science qui étudie la fréquence et la répartition des problèmes de santé dans la population générale – que l’impact des maladies est mieux connu.
C’est grâce à l’épidémiologie – science qui étudie la fréquence et la répartition des problèmes de santé dans la population générale – que l’impact des maladies est mieux connu.
Dans les maladies rares, l’errance diagnostique et le sous diagnostic sont très fréquents.
Les estimations sont donc difficiles et souvent sous estimées
3 notions clés sont utilisées pour décrire l’impact d’une pathologie :
La prévalence représente le nombre de cas existants.
L’incidence représente le nombre de nouveaux cas sur une période de temps (un an en général)
La pénétrance est une notion génétique applicable aux formes héréditaires, c’est le
pourcentage de risque de développer la maladie quand on est porteur de la mutation. Cette pénétrance peut augmenter avec l’âge.
Si l’on regroupe l’ensemble des amyloses, le nombre de nouveaux cas est de l’ordre de
2500 par an. Mais chaque forme doit être envisagée différemment
L’incidence est estimée entre six et dix cas par million d’habitants et par an, soit pour la France, entre 500 et 700 nouveaux cas d’amylose AL par an.
L’incidence est inférieure à 10 cas / million d’habitants / an soit pour la France moins de 70 nouveaux cas par an.
On estime qu’il y a environ 200 à 300 cas en France.
1. Les formes héréditaires (ou « mutées ») hATTR
Plus de 100 mutations du gène de la transthyrétine ont été décrites. La présentation clinique diffère suivant l’âge de début et aussi selon les mutations ce qui contribue au retard diagnostic. On estime qu’il existe en France environ 400 familles atteintes de cette maladie.
Expression neurologique
Environ 500 cas déclarés en France.
Expression cardiologique
La prévalence de l’amylose cardiaque à transthyrétine mutée est difficile à évaluer car la diversité des symptômes qu’elle provoque la rend difficile à diagnostiquer. Certaines mutations de la transthyrétine qui donnent préférentiellement des atteintes cardiaques sont retrouvées chez 0,4 à 3% de la population en fonction de l’origine ethnique (1).
La manifestation cardiaque la plus fréquente étant l’hypertrophie des ventricules, c’est-à-dire l’augmentation de l’épaisseur des ventricules, la présence d’une mutation de la transthyrétine a été retrouvée chez 5,7% des patients porteurs d’une hypertrophie ventriculaire gauche, chiffre atteignant 7,6% chez les patients de plus de 55 ans (2).
Lire plus
(1) Yamashita T, Hamidi Asl K, Yazaki M, Benson MD. A prospective evaluation of the transthyretin Ile122 allele frequency in an African- (2) Damy T, Costes B, Hagege AA, et al. Prevalence and clinical phenotype of hereditary transthyretin amyloid cardiomyopathy in patients
American population. Amyloid Int. J. Exp. Clin. Investig. Off. J. Int. Soc. Amyloidosis 2005;12:127–130.
with increased left ventricular wall thickness. Eur. Heart J. 2016;37:1826–1834.
2. La forme sauvage (non héréditaire) wt ATTR
La prévalence de l’amylose cardiaque à transthyrétine sauvage est difficile à évaluer car elle touche préférentiellement le cœur, et jusqu’à il y a peu, il fallait encore recourir à la biopsie cardiaque pour faire le diagnostic, ce qui n’était pas réalisé systématiquement. Par ailleurs, en l’absence d’analyse génétique, il est impossible de faire la différence entre une forme ‘sauvage’ et une forme ‘mutée’.
Les dépôts de fibrilles amyloïdes à transthyrétine au niveau du tendon du canal carpien ont été rapportés chez 34% des patients opérés d’un canal carpien idiopathique (1) .
L’amylose cardiaque à transthyrétine est diagnostiquée dans environ 15% des patients qui présentent une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée, c’est-à-dire une anomalie du remplissage cardiaque sans anomalie de contractilité (2) .
L’amylose cardiaque à transthyrétine est retrouvée chez 6% des patients présentant un rétrécissement aortique avec une indication de remplacement chirurgical (3) et 16% des patients présentant une indication de remplacement percutané (4) , avec une augmentation de la prévalence chez les hommes et avec l’âge (5) .
Le diagnostic de l’amylose cardiaque à transthyrétine a été facilité par le développement dans cette indication de la scintigraphie osseuse qui permet de plus en plus de faire le diagnostic sans recourir à la biopsie cardiaque. Si l’on considère tous les patients tous venants adressés pour une scintigraphie osseuse, la prévalence de l’amylose cardiaque dans cette population est de 0,4% avec encore une fois une augmentation de la prévalence chez les hommes et avec l’âge puisqu’elle peut atteindre plus de 1,2% chez les hommes de plus de 80 ans (6) .
Lire plus
(1) Sekijima Y, Uchiyama S, Tojo K, et al. High prevalence of wild-type transthyretin deposition in patients with idiopathic carpal tunnel syndrome: a common cause of carpal tunnel syndrome in the elderly. Hum. Pathol. 2011;42:1785–1791.
(2) Bennani Smires Y, Victor G, Ribes D, et al. Pilot study for left ventricular imaging phenotype of patients over 65 years old with heart failure and preserved ejection fraction: the high prevalence of amyloid cardiomyopathy. Int. J. Cardiovasc. Imaging 2016;32. Mohammed SF, Mirzoyev SA, Edwards WD, et al. Left ventricular amyloid deposition in patients with heart failure and preserved ejection fraction. JACC. Heart Fail. 2014;2:113–122.
(3) Treibel TA, Fontana M, Gilbertson JA, et al. Occult Transthyretin Cardiac Amyloid in Severe Calcific Aortic Stenosis: Prevalence and Prognosis in Patients Undergoing Surgical Aortic Valve Replacement. Circ. Cardiovasc. Imaging 2016;9.
(4) Castano A, Narotsky DL, Hamid N, et al. Unveiling transthyretin cardiac amyloidosis and its predictors among elderly patients with severe aortic stenosis undergoing transcatheter aortic valve replacement. Eur. Heart J. 2017;38:2879–2887.
(5) Cavalcante JL, Rijal S, Abdelkarim I, et al. Cardiac amyloidosis is prevalent in older patients with aortic stenosis and carries worse prognosis. J. Cardiovasc. Magn. Reson. 2017;19:98.
(6) Longhi S, Guidalotti PL, Quarta CC, et al. Identification of TTR-related subclinical amyloidosis with 99mTc-DPD scintigraphy. JACC.
Cardiovasc. Imaging 2014;7:531–532.
Réalisée à la demande de l’Association Française contre l’Amylose en partenariat avec
Pr Adams
Service de Neurologie
CHU de Bicêtre
APHP
Coordinateur CRMR NNerf
Neuropathies Amyloïdes
Héréditaires
Pr Bridoux
Service de Néphrologie, Hémodialyse et
Transplantation Rénale
CHU Jean Bernard
Poitiers
Co Coordinateur CRMR
Amylose AL
Pr Damy
Service de Cardiologie
CHU Mondor – Créteil
APHP
Coordinateur CRMR
Amylose Cardiaque – Réseau
Amylose Mondor
Pr Grateau
Service de Médecine Interne
Hôpital Tenon – Paris
APHP
Coordinateur CRMR
Amylose AA
Pr Jaccard
Service Hématologie et Thérapie Cellulaire
CHU Dupuytren
Limoges
Co Coordinateur CRMR
Amylose AL
Pr Plante Bordeneuve
Service de Neurologie
CHU Mondor–Créteil
APHP
Réseau Amylose Mondor
Les objectifs de cette étude descriptive étaient les suivants :
1. Identifier les étapes du parcours de soin du diagnostic de la maladie jusqu’à la prise en charge médicale ;
2. Étudier la relation avec les soignants, médecins, infirmières (information, qualité de la relation) ;
3. Étudier les difficultés administratives (MDPH, …) notamment pour l’ouverture de droits ;
4. Analyser le vécu de la maladie et son retentissement sur la vie quotidienne.
Les patients adultes atteints d’amylose ont été inclus consécutivement au moment de la consultation ou par courrier.
– Patients âgés de 18 ans et plus ;
– Patients ayant donné leur consentement oral pour participer après avoir reçu des informations orales et écrites sur l’étude ;
– Patients ayant un diagnostic d’amylose.
603 personnes ont répondu au questionnaire
L’âge moyen est de 66,75 ans avec des variations de + 11 ans selon la forme d’amylose.
28 mois avant de démarrer un traitement !… un délai qui s’accompagne d’une dégradation importante et irréversible de l’état des malades !
Lire plusRéduire l’errance diagnostique c’est améliorer le pronostic vital, mais c’est aussi répondre à un problème de santé publique. Elle est en effet responsable d’un gaspillage de ressources médicales (4 médecins en moyenne ont été consultés pour obtenir leur diagnostic ; 2 médecins hospitaliers et 2 médecins de ville et de très nombreux examens)
Pour 65% des répondants un médecin hospitalier a suspecté en premier le diagnostic et pour 92% des répondants un médecin hospitalier a confirmé en premier le diagnostic.
38% reconnaissent avoir des difficultés pour se rendre à l’hôpital et pour 78% le temps de trajet est supérieur à 1h.
85% des répondants considèrent que le médecin a pris le temps de lui expliquer ; 88% de les écouter et 83% affirment avoir compris les informations fournies par le médecin
71% se sentent impliqués dans les décisions touchant à leur prise en charge médicale
Seulement 40% des patients considèrent être bien informés de leurs droits.
Seul un répondant sur trois déclare avoir déposé un dossier MDPH [28,5%].
Parmi eux 24% considèrent que les dossiers MDPH sont trop complexes à remplir, et 15% que le contact a été difficile à établir.
30% D’ACTIFS PARMI LES PATIENTS - POUR CES ACTIFS : 36% D’ARRÊT DE TRAVAIL D’UNE
DURÉE MOYENNE DE 162 JOURS
L’évaluation de la qualité de vie mesurée par l’EVA de l’EQ5-D met en évidence que la qualité de vie est nettement altérée :EVA moyen à 58 ±21 [médiane 60]
Lire plusUne méta analyse* de plus de 50 études en cancérologie qui évaluaient la qualité de vie de patients souffrant de différents cancers dont le cancer du sein, de la prostate ou digestif a montré que leur score EVA moyen était à 71,5.
*( Impact of cancer on health related quality of life : evidence using the EQ-5D)
Les ¾ [74%] des répondants sont inquiets pour leur avenir, 57% se sentent découragés
Lire plusImpact personnel
– 68% des répondants se déclarent fatigués, 56% se plaignent de douleurs qui perturbent leur quotidien et 57% d’un sommeil perturbé !
– Les 2/3 se déclarent limités dans les activités quotidiennes (faire les courses ou leur ménage) ou dans leur activité de loisirs.
– Et près d’un sur deux (44%) ont des difficultés pour accomplir les gestes du quotidien boutonner, lacer leurs chaussures, faire leur toilette, se brosser les dents, se coiffer.
Impact sur la vie de couple
– 73% des répondants déclarent que leur amylose entraîne une diminution de leur désir sexuel
– 60% observent une baisse de la libido de leur conjoint et 48% que leur relation de couple est perturbée
Impact sur la vie de famille
– 59% redoutent d’être un poids pour leur famille,
– 66% déclarent arriver à se confier à eux sans les inquiéter et un sur deux [49%] pense que son état perturbe actuellement ses relations avec sa famille
– 11% des répondants ont eu accès à des séances d’éducation thérapeutique
– Parmi eux, 75 % confirment que ces séances les ont aidés à prendre en charge leur quotidien
– Bien qu’une proportion importante juge bien connaître l’amylose, les questions qu’ils se posent montrent une méconnaissance des aspects détaillés
– Un peu moins du tiers des patients a besoin d’un aidant tous les jours
– Pour plus des ¾, l’aidant est le conjoint
– Pour les aidants actifs l’impact sur leur travail reste limité
– L’impact sur les loisirs est élevé.
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