Pr Olivier LAIREZ
Pr Olivier LAIREZ
Dans l’amylose TTR acquise, les dépôts d’amylose sont formés par la protéine TTR anormale, protéine non mutée, dite «sauvage».
Cette maladie n’est pas héréditaire.
Elle est connue sous le nom d’amylose TTR de type sauvage (wt ATTR).
Cette forme affecte principalement le cœur, elle touche les sujets à un âge avancé d’où le nom qui lui avait été donné précédemment : amylose sénile.
Le terme sauvage s’oppose au terme ‘muté’ et signifie que la protéine impliquée, la transthyrétine, est retrouvée à l’état sauvage, c’est-à-dire sans mutation génétique. La transthyrétine est une protéine servant à transporter les hormones thyroïdiennes qui est retrouvée à l’état normal chez tous les individus. Pour des raisons qui sont encore inconnues, il arrive qu’avec l’âge, cette protéine change de conformation, c’est-à-dire de forme et aboutisse à la formation de fibrilles amyloïdes.
Ils sont relativement communs à l’ensemble des amyloses cardiaques.
Lire plusLes dépôts dans le muscle cardiaque
Dans la wt ATTR, les dépôts de fibrilles amyloïdes au niveau du cœur se manifestent essentiellement par une hypertrophie des ventricules (hypertrophie myocardique), c’est-à-dire une augmentation de l’épaisseur de la paroi des ventricules due aux dépôts de protéines.
Cette hypertrophie peut être très variable en fonction des individus et du stade où est diagnostiquée la maladie. Elle a pour conséquence l’apparition d’une rigidité importante entraînant une limitation de la capacité du cœur à se remplir. Plus tardivement le cœur a du mal à se contracter. Ceci est à l’origine d’une baisse du débit cardiaque, occasionnant différents symptômes dits « d’insuffisance cardiaque » :
Il n’est pas rare qu’aux atteintes cardiaques soient associés :
Le diagnostic de l’atteinte cardiaque se fait en montrant qu’il existe une hypertrophie des ventricules par la réalisation d’une échographie ou parfois d’une IRM cardiaque.
Le diagnostic d’une amylose nécessite de prouver qu’il existe un dépôt de fibrilles amyloïdes dans n’importe quel tissu ou organe par la réalisation de biopsies.
Le diagnostic d’amylose cardiaque à transthyrétine nécessiterait théoriquement de prouver qu’il existe un dépôt de fibrilles amyloïdes de transthyrétine au niveau du cœur par la réalisation de biopsies. Cependant, dans le cas particulier des amyloses à transthyrétine, les techniques d’imagerie permettent parfois de faire le diagnostic sans avoir recours à la biopsie, notamment grâce à la scintigraphie osseuse.
En effet, il a été constaté une fixation du traceur osseux sur le cœur à la scintigraphie myocardique :
Scintigraphie osseuse dans le diagnostic d’amylose cardiaque : fixation du traceur osseux par le cœur (flèche rouge).
Dans ce cas, et s’il n’existe aucun doute sur la possibilité d’un autre type d’amylose, la biopsie n’est pas nécessaire.
S’il existe un doute, il est alors nécessaire de réaliser des biopsies qui sont alors généralement réalisées sur d’autres tissus ou organes (comme par exemple les glandes salivaires) mais également parfois sur le cœur.
La réalisation d’une analyse génétique est ensuite le seul moyen de déterminer si l’amylose cardiaque est liée à une transthyrétine mutée (héréditaire) ou « sauvage » (c’est-à-dire sans mutation).
Il arrive que l’atteinte préalable d’un autre organe permette de faire le diagnostic d’une atteinte cardiaque à un stade très précoce de la maladie, avant même que les parois des ventricules n’aient eu le temps de s’hypertrophier.
Le Tafamidis (Vyndaqel 61 mg®) est un traitement dédié de l’amylose TTR qui vise à limiter la formation de fibrilles amyloïdes à transthyrétine en stabilisant la protéine. Ce traitement n’est pas spécifique à l’atteinte cardiaque mais à l’amylose à transthyrétine.
Lire plusD’autres traitements en cours de développement visent à stopper la fabrication de la protéine par le foie (ARN interférents et ARN inhibiteurs), voire à détruire les dépôts de fibrilles (anticorps monoclonaux)
En complément, sont prescrits les traitements communs au traitement des amyloses cardiaques comme par exemple le contrôle des apports en sel et le traitement diurétique (furosémide) qui permettent de diminuer l’essoufflement et les œdèmes. En cas d’arythmie un traitement anticoagulant est mis en place dont l’objectif est d’éviter la formation de caillots à l’intérieur du cœur.
Dans certains cas, des médicaments classiques de l’insuffisance cardiaque peuvent aggraver les symptômes et leur arrêt pourra être prescrit :il s’agit par exemple des bétabloquants (médicaments qui ralentissent la fréquence cardiaque) ou des vasodilatateurs (médicaments qui dilatent les vaisseaux).